Axe 1 – Maladies du bois
Les maladies du bois de la vigne.
Elles constituent une des problématiques majeures du monde viticole. Depuis l’arrêt de l’utilisation de l’arsénite de sodium en France, en 2001, les pertes de récolte engendrées par les maladies du bois (MDB) augmentent fortement et sont estimées aujourd’hui au minimum à 15% du potentiel du vignoble.
Ces impacts se font également ressentir sur l’ensemble de la filière viticole française. Pour la seule année 2014, les pertes estimées sont colossales : 2,1 à 3,4 millions d’hectolitres de « manque à produire », soit près d’un milliard d’euros de manque à gagner.
Au-delà des chiffres, c’est un des éléments clés du patrimoine culturel français qui est mis à mal. Il est à noter que ces pertes ont été soulignées :
- en 2013 par le Financial time «The great vine decline: The rise in the incidence of vine wood diseases is worrying vignerons»,
- en 2014 par The Times «French vineyards hit by fungal diseases», The Telegraph “French winemarkers demand action on «uncurable» grape disease devasting vines” et
- par le Figaro « Les maladies du bois menacent le vignoble français ».
En octobre 2014, les Chambres d’Agricultures et l’Institut Français de la Vigne et du Vin ont signé une convention faisant des maladies du bois une cause nationale majeure.
Le vignoble mondial est atteint par les maladies du bois et en France toutes les régions viticoles sont touchées (Bertsch et al., 2012 ; Bruez et al., 2013). Les MDB ne cessent de progresser et actuellement environ 13% du vignoble français est improductif, principalement à cause de l’esca/BDA (Grosman et Doublet, 2012).
Cette épidémie est souvent associée à l’interdiction d’utilisation de l’arsénite de soude depuis 2001, seule molécule homologuée pour lutter contre les MDB, néanmoins d’autres facteurs sont sans doute impliqués.
La recherche de solutions pour lutter et limiter ces maladies représente une nécessité urgente. Face à cette situation, la recherche française, européenne et mondiale s’organise. Le LVBE est un acteur des différentes stratégies proposées.Dans ce cadre, le LVBE participe à des projets français et européens :
- CASDAR (Ministère de l’Agriculture),
- COST (Europe),
- Chaire industrielle GTDfree avec la Société Hennessy,
- Interreg V où nous sommes porteurs de l’axe Maladies du bois,
- participation au montage d’un projet H2020 Maladies du bois.
Une bourse CIFRE Maladies du bois avec les Vins Boisset (Bourgogne) est également mise en place et un dépôt de demande de financement franco/allemand (ANR/DFG) est en cours.
De plus, l’interprofession des vignobles français (CNIV), France Agrimer et le Ministère de l’Agriculture ont lancé en 2016 le « Plan National Dépérissement du Vignoble ». Le LVBE a été invité le 9 septembre 2016 à un séminaire où nous avons défini le cadre de ce plan national.
Au sein du LVBE, l’objectif de nos travaux est :
- de mieux comprendre ces dépérissements complexes,
- d’identifier les facteurs impliqués et
- de trouver des leviers agronomiques ou
- des moyens de lutte compatibles avec les enjeux de développement durable, à court et moyen terme.
Dans ce contexte nous poursuivrons les travaux entrepris :
- identification des facteurs de virulence étendue à d’autres espèces de champignons,
- compréhension de l’interaction de facteurs biotiques comme les bactéries dans les dépérissements,
- collaboration sur l’étude des mycovirus infectant les champignons impliqués dans les maladies du bois,
- conception d’un nouveau « type de vigne » en lien avec Vitis sylvestris,
- développement de molécules mimant l’action de l’arsenic,
- brevet : formulation du Bismuth de salicylate et essais en champs.
La profession viticole attend à présent des moyens efficaces à mettre en œuvre dans le vignoble. Dans ce contexte, nous avons décidé lors de l’assemblée générale de l’Association des Viticulteurs d’Alsace (AVA) en septembre 2016 de regrouper les acteurs alsaciens (pépiniéristes, AVA, CIVA, syndicat et recherche) au sein d’un groupe de travail afin de mettre en place des essais.
Pour répondre parfaitement à l’ensemble de nos problématiques, il nous fallait également développer nos compétences en chimie du vivant. Pour ce faire, et grâce au soutien de l’Université de Haute-Alsace et à la reconnaissance par la profession viticole de nos travaux, nous avons pu recruter une Ingénieur de Recherche chimiste du vivant au 1er septembre 2016 et travaillons en étroite collaboration avec le laboratoire d’Innovation Moléculaire et Applications qui nous permet d’avoir une approche chimique indispensable à nos réflexions. Nous avons également recruté une Maître de Conférences spécialisée dans les métabolites produits par les pathogènes de la vigne au 1er septembre 2016 et recruté une technicienne de Laboratoire. Un Maître de Conférences de l’Unistra (inscrit en HDR) nous a également rejoint en septembre 2015, renforçant nos compétences sur le métabolisme secondaire de la vigne. L’ensemble des collaborations scientifiques en cours sera poursuivi.